Sorti en 1983 et réalisé par le très talentueux John Carpenter, Christine ne manque pas de stéréotypes liés à l’adolescence. Un héros ringard, une bande de racailles, un meilleur ami athlète, une fille populaire… Les personnages représentent tous une personnalité dite “clichée” et divergente. L’histoire se place du point de vue d’Arnie, un lycéen mal dans sa peau qui fait office de souffre douleur pour les brutes du lycée qui le considèrent comme un raté. Un jour, il tombe sous le charme, en se promenant avec son meilleur ami Dennis, d’une voiture rouge en très mauvais état baptisée Christine. Malgré un début assez long, nous comprendrons plus tard que ce film est un dictionnaire centré les périples du passage à l’âge adulte.
Destiné à un public adolescent, Christine est une véritable leçon de vie. Le film est divisé en deux parties très différentes. La première partie, plutôt tranquille, nous montre un adolescent timide et complexé qui se fait sans cesse marcher dessus par ses camarades. Dans un environnement où la popularité, le regard des autres et leur jugement jouent un rôle important dans l’acceptation de l’autre, les adolescents sont bien souvent confrontés à une quête d’identité. Dès le début du film, cette recherche de « popularité » nous est présentée lorsque Dennis annonce l’objectif de cette nouvelle année à son ami : ne pas arriver puceau à la fac. Tandis que Dennis se met en tête de draguer Leigh (la petite nouvelle déjà considérée comme la plus belle du lycée), Arnie, lui, va tomber sous le charme de Christine.
La deuxième partie, qui se déroule sous un rythme bien plus soutenu, nous dévoile le côté horrifique du film. Sous l’influence de la voiture va naître une relation toxique, une dépendance et un changement radical chez l’adolescent. L’amour excessif qu’il éprouve pour Christine va le rendre violent, inconscient, fou et cela aussi bien auprès de sa famille, de ses amis. Avant d’être un film d’horreur qui a pour but de divertir, Christine est une mise en garde pour le spectateur. La grande originalité de ce film réside dans cette voiture qui, malgré sa forme, présente toutes les caractéristiques d’une véritable femme fatale (sa couleur rouge vif, le fait qu’elle aime se faire désirer, la jalousie qu’elle éprouve lorsque Arnie la délaisse pour une autre etc). La scène de la “révélation” entre Christine et Arnie propose une mise en scène très intéressante. La musique sensuelle et les plans rapprochés sur certaines parties du “corps” de la voiture suggèrent le caractère sexuel de la scène qui nous fait penser à un strip tease de la voiture. Elle se dévoile à Arnie et dévoile au spectateur qu’il n’y a plus aucun doute sur la nature de leur relation.
Pour conclure, Christine est selon moi un film aussi bien divertissant qu’enrichissant. John Carpenter, dans son adaptation personnelle du livre de Stephen King, nous offre une mise en garde sur l’importance de cette quête de popularité. Les enjeux du films se concentrent sur la famille, l’amour, l’amitié et sur ce passage à l’âge adulte qui comporte son lot de difficultés. Christine est un bon film, avec une mise en scène très bien construite qui permet de nous tenir en haleine et de nous attacher à l’histoire d’Arnie et Christine.
E.Duez